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    Vous avez dit "Identité française" ?

    samedi 30 janvier 2010

    Le débat lancé par Besson sur "l’identité française" m’a inspiré deux petites remarques (reproduction libre avec mention d’origine) :

    1. L’expression "fier d’être français" témoigne de la part de celui qui l’utilise de son ignorance du sens des mots en langue française, ce qui serait savoureux si ce n’était surtout grotesque ; on ne peut être "fier" que de ce dont on est, au moins partiellement, responsable : je peux être fier d’avoir tenu un engagement difficile, d’avoir réussi une épreuve quelconque grâce à mes efforts, etc. ; en aucun cas, je ne peux être "fier" d’une situation (être français) qui n’est que le résultat d’une très longue série de causalités (ce qu’on appelle le hasard) qui m’échappent complètement. Certes, quand je regarde les conditions d’existence de l’immense majorité des hommes et des femmes de cette planète, je suis plutôt content d’être français, mais je ne saurais en aucun cas en être fier.

    Paradoxalement, et c’est ce que ne voient pas nos ignorants du sens des mots (je signale d’ailleurs au passage, voyez Le Petit Robert, que les sens premiers de « fier » sont « féroce », de ferus, sauvage, « cruel », ensuite « arrogant, vaniteux, dédaigneux, méprisant... » - et on voit assez bien à qui cela peut s’appliquer...), les seuls qui peuvent légitimement se dire "fiers d’être français" (au sens actuel) sont tous ceux qui ont réussi, voulant échapper à la misère, aux persécutions de dictatures, aux tortures, et au prix de souffrances et d’épreuves considérables (les trois jours et quatre nuits passés par le père kurde d’un de mes élèves coincé sous la banquette arrière d’une camionnette sans boire ni manger pour traverser clandestinement les frontières et échapper aux geôles turques...) : effectivement, ceux-là, oui, peuvent être fiers d’être devenus français et d’avoir réussi à assurer un avenir à peu près correct à leurs enfants (Yavuz, le fils, bac avec mention, aujourd’hui informaticien).

    2. Mon nom me trahit : DEFRANCE, descendant des envahisseurs immigrés de l’est, il y a déjà quelque temps, installés initialement dans la plaine de France au nord de l’actuel Paris, libres par rapport à l’empire romain ("francs") ; et je suis, disons... plutôt content de porter ce nom, (France était le prénom d’une de mes grands-mères : France Langhade épouse Defrance) parce qu’il rassemble en lui seul les deux concepts de vérité (quelqu’un qui dit la vérité est qualifié de "franc") et de liberté (ce qu’on retrouve dans "commerce en franchise", "Franche-Comté", etc.) : il n’y a pas de liberté sans vérité, ni de vérité sans liberté - vérité et liberté piétinées par l’innommable Besson, qui n’est en lui-même qu’un épiphénomène dérisoire (mais aussi malfaisant).

    Seule ombre au tableau à propos de ce patronyme : s’il se rencontre le plus fréquemment dans l’Yonne (mon grand-père était d’Auxerre), c’est parce que, à une époque où il n’y avait pas encore de nom à proprement parler mais des prénoms, on appelait souvent les gens par leur origine provinciale (Lebreton, Picard, Lelorrain, etc.), et ces gens avaient au moment de la guerre de Cent Ans fait le choix des Bourguignons et des Anglais contre le roi de France et s’étaient exilés en Bourgogne : ils venaient "de France" ; et c’est ainsi que ceux qui portent ce nom descendent donc de "traîtres" à la "nation française" ! Vous avez dit "identité française" ?

    (merci à Luc Cédelle, du journal Le Monde d’avoir repris le premier paragraphe de cette note dans son blog : http://education.blog.lemonde.fr/ )

    Décembre 2009.



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