L’inconscient
1. ĂŠtre responsable,
suppose d’être conscient de ses actes et de ses désirs pour les contrôler, ce
qui fonde la conscience morale.
2. Mais si la cause réelle de
nos désirs et actes reste inconsciente, comment en répondre ? De même que
la quasi-totalité de notre fonctionnement corporel nous reste inconsciente et
inconnue, il semble que la majeure partie du fonctionnement de notre appareil
psychique demeure cachée et que nous n’avons donc pas conscience des véritables
mobiles de nos désirs conscients, de nos pensées et de nos actes.
3. Freud et les
psychanalystes posent que l’inconscient, comme force dynamique en nous, mais
obscure, produit des effets dans nos rêves, pensées, actes et désirs, de sorte
que, par une exploration dirigée – la “ cure ”
analytique –, l’interprétation des symptômes devienne
possible.
4. Une signification est
cachée dans le moindre des actes du sujet, des plus anodins aux plus complexes.
Le contenu d’un rêve, par exemple, renvoie à un contenu latent que seul le travail
d’interprétation peut mettre au jour. L’inconscient se manifeste et se cache
donc en même temps…
5. Le symptĂ´me est le
résultat d’un compromis entre les forces contradictoires de l’inconscient et du
conscient, du “ Ça ” (inconscient, siège des pulsions
vitales, d’auto-conservation et sexuelles), du “ Moi ” (conscient, siège
de l’activité psychique consciente, créatrice de raison) et du “ Surmoi ”
(inconscient, siège des interdits sociaux intériorisés).
6. Ainsi le psychisme
peut ĂŞtre considĂ©rĂ© comme un jeu de forces opposĂ©es : le Moi travaille Ă
élaborer des formations de compromis entre les tendances contradictoires du Ça
et du Surmoi, entre les pulsions et leur censure, leur refoulement.
7. Cette Ă©laboration
complexe est l’objet même de l’éducation de l’enfant : ce n’est que
progressivement que le Moi se distingue du Ça, par interaction avec autrui,
d’abord par identification à la mère puis au père, et à l’occasion des
multiples rencontres sociales. C’est l’interdit majeur de l’inceste,
la loi de séparation, qui permet en effet au sujet de se construire à la fois
dans sa singularité irréductible et dans la capacité à rencontrer l’autre comme
un autre soi-mĂŞme.
8. C’est donc
progressivement que les pulsions partielles (orales, anales, phalliques…) s’organisent
sous le primat de la génitalité, au cours de l’enfance et de l’adolescence,
dans la dialectique du principe de plaisir et du principe de
réalité, dans l’alternance de la frustration et de la satisfaction.
9. La tendance Ă obtenir
le plaisir en passe alors par l’apprentissage du détour, de la
“ différence ” (au sens de différer la satisfaction de la pulsion),
de la sublimation,
processus par lequel l’énergie pulsionnelle est déviée de son objet primaire
vers les objets secondaires de la culture : langage, jeux sociaux, travail…
10. L’autonomie du Moi
reste donc toujours relative et la liberté du sujet peut se construire dans la
mise au jour des déterminations et mécanismes inconscients, y compris
éventuellement névrotiques, de sorte que les puissances de l’inconscient
puissent être mises au service de la création dans les domaines de la technique,
des arts et des sciences, dans la rencontre possible de l’autre.