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    A propos de harcèlement à l’école

    jeudi 27 octobre 2011

    Ainsi un élève sur dix se dit victime de « harcèlement » selon l’enquête de victimation du ministère. Ce chiffre, repris en boucle par les médias, recèle cependant des réalités fort diverses : depuis la simple moquerie passagère jusqu’aux agressions physiques répétés et les messages injurieux diffusés sur le net, le terme de harcèlement est un peu mis aujourd’hui à toutes les sauces, et surtout, on fait semblant de découvrir un phénomène extrêmement ancien, analysé depuis longtemps et dont on connaît parfaitement bien les solutions.
    Mais ces solutions mettent en cause le fonctionnement institutionnel de notre système éducatif et, dès lors, nécessitent des remises en question fort douloureuses dans les pratiques les plus ordinaires. En effet, les violences chaudes, horizontales et sporadiques entre élèves sont le résultat des violences froides, verticales et continues exercées par l’institution scolaire elle-même. Et « punir » les auteurs de ces actes est inévitablement voué à l’échec, dans la mesure où on a affaire ici au mécanisme anthropologique de la victime émissaire : en gros, il est plus facile et moins risqué de décharger son agressivité sur le maillon faible que sur les vrais acteurs de la pression hiérarchique, de persécuter le « bouffon » de la classe plutôt que de mettre en cause les comportements de certains enseignants.
    La perversion fondamentale du fonctionnement ordinaire de notre école réside dans la « pénalisation » systématique des apprentissages, où une erreur est une faute, une interrogation devient interrogatoire, une note basse ou élevée est bonne ou mauvaise, et où donc, l’ignorance y est systématiquement punie, non pas par des devoirs supplémentaires et retenues, mais par les appréciations et notations qui déterminent le destin scolaire et trop souvent social des élèves ; seuls les imbéciles peuvent s’étonner que les angoisses générées par ces dispositifs de sélection et d’élimination provoquent de temps à autre des décharges pulsionnelles, individuelles et collectives, devant lesquelles tous les cours et discours moralisants restent évidemment impuissants.
    Un seul exemple dérisoire, la remise publique des copies en classe, assortie de commentaires méprisants ou élogieux : imagine-t-on un proviseur réunissant ses professeurs en assemblée générale et remettant publiquement ses appréciations et notes administratives ? Or, au simple regard des principes de notre droit, ce serait moins grave (toute atteinte à l’égard d’un mineur est plus lourdement punie qu’à l’égard d’un majeur) que cette banale remise de copies...
    Les pédagogies coopératives ont depuis longtemps fait la démonstration que la dépénalisation de l’instruction ainsi que la mise en place des dispositifs institutionnels permettant (en application des articles 12 à 15 de la Convention internationale relative aux Droits de l’Enfant !) la participation progressive des enfants à l’élaboration des règles de comportements et des solutions de conflits sont parfaitement possibles.

    Bernard Defrance,
    philosophe,
    administrateur de la section française de Défense des Enfants International



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