Bon, on peut bien dire tout ce qu’on veut sur les jeunes des
banlieues, que ce n’est pas bien malin de brûler la voiture de son voisin ou de
saccager l’école de son petit frère, que dans cette France haineuse et
trouillarde, ça va de toutes façons se retourner contre eux, qu’on peut faire
confiance à la justice pour cogner, il n’empêche que ce qui a mis le feu aux
poudres, ce sont les incidents répétés avec la police. Cars de CRS en
stationnement permanent dans certains quartiers (sauf comme par hasard lĂ oĂą on
a besoin d’eux), contrôles d’identité au faciès, bavures policières à caractère
raciste en croissance exponentielle, il n’a pas manqué d’organismes officiels
ou officieux – Commission nationale de la déontologie de la sécurité, IGS,
mouvements de défense des droits de l’homme – pour tirer la sonnette d’alarme.
On sait comment Sarkozy s’est essuyé les pieds sur ces arguments
« droits-de-l’hommistes ». Depuis bientôt quatre ans, c’est la police
qui fait la loi, qui dicte sa loi, les parlementaires se contentant de donner
une apparence « légale » à la volonté des commissariats. L’abrogation
de la loi sur la présomption d’innocence, c’est la police qui l’a voulue, la
prison pour les mineurs, c’est la police, les pleins pouvoirs sur la rue, c’est
la police, les rafles spectaculaires contre les sans-papiers, les prostituées,
les gens du voyage, les mal-logés, d’est encore la police, les lois Sarkozy, c’est
toujours la police, au point que l’on ne sait plus qui, de Sarkozy ou de la
police est l’inspirateur de l’autre.
Tout ceci avec la complaisance, la
complicité de l’immense majorité de la classe politique à commencer par celle
du PS, taraudé depuis 2002 par la crainte de paraître « laxiste ». Et
l’on ne dira rien du cirage de pompes sarkoziennes ou de bottes policières
auquel les médias se sont livrés avec délectation.
Donc, on peut bien dire tout ce qu’on veut
sur les jeunes des banlieues, il n’empêche, Mesdames et Messieurs les
politiques, Mesdames et Messieurs les journalistes, Mesdames et Messieurs tout
court, qu’ils sont les premiers depuis trois ans et demi, ces jeunes de
banlieues, à pousser un grand coup de gueule contre l’instauration d’un régime
policier. Et si l’on trouve qu’ils s’y prennent mal, ces jeunes de banlieues,
il n’y avait qu’à le faire entendre avant eux, ce grand coup de gueule.
Bernard Girard
Professeur d'histoire-géo en collège
53000 Laval
http://journaldecole.canalblog.com/