Notes et sanctions à l’école :

questions de droit.

 

 

Notation et évaluation

 

1.  Justice de la note ?

Qui note ? Si l’enseignant note ses propres élèves, il se note lui-même ; la construction des savoirs se pervertit en devinette de ce que l’élève croit que le maître attend de lui. Dans cette situation, on n’est pas à l’école, mais dans une relation religieuse de maître à disciple. On apprend à se soumettre aux exigences du maître et non à obéir aux exigences complexes de la construction des savoirs, lesquels sont oubliés sitôt l’examen passé… Les savoirs se pervertissent en dogmes. Enfin et surtout, il y a infraction à un principe indiscutable du droit : nul ne peut être juge et partie.

 

2. Justesse de la note ?

Toutes les études montrent que la note chiffrée ne peut en aucun cas mesurer les réelles aptitudes d’un élève et les compétences qui seront nécessaires dans la vie professionnelle et citoyenne. Que dirait-on d’un ministre de la santé, qui aurait connaissance de centaines d’études montrant la nocivité (ou au mieux l’inutilité) d’un médicament et qui en recommanderait, voire en imposerait, l’usage ?

 

3. Fonction politique de la note ?

On n’instruit pas dans le chantage aux notes. En réalité, les drogués de la note et du redoublement ne tiennent pas du tout à ce que les élèves s’instruisent vraiment ; il ne s’agit que de dégager, par la perversion des savoirs en outils de pouvoir, la future élite des décideurs dans leur mise en concurrence ; or, la concurrence veut la mort de l’autre et la finalité de l’école n’est pas de former des tueurs.

 

 

Punitions

 

4. Qui doit punir ?

On n’instruit pas non plus dans le chantage aux punitions. Quelle que soit le degré de la punition, qu’elle soit « éducative » ou non, justifiée ou non, si c’est le même (l’enseignant) qui est atteint par le désordre, l’injure ou la désobéissance et qui punit, alors il y a infraction au principe indiscutable du droit qui prescrit que nul ne peut se faire justice à soi-même.

 

5. Répression ou prévention ?

Opposer prévention et répression est sans objet : à l’école, il s’agit d’instituer la loi et non de la « rappeler » ; l’excuse de minorité impose la progressivité dans l’échelle des punitions : or, que se passe-t-il, dans les faits, quand un enseignant se laisse aller à commettre des violences (« vous êtes tous nuls ! » : injure non publique, contravention de première classe) et lorsqu’un élève « pète les plombs » et injurie un professeur ? Si l’école fonctionne à l’envers des principes élémentaires du droit, ne pas s’étonner des résultats !

 

6. Instruction ou éducation ?

Opposer savoirs et pédagogie, instruction et éducation n’a pas de sens : des savoirs non structurés par une éthique peuvent se mettre au service des pires violences, une éthique non « armée » par des savoirs reste impuissante. Comment distinguer et donc articuler l’instruction des savoirs et l’institution de la loi ?